Ne plus "espérer se refaire"

Comme beaucoup, je suis "tombé malade" du jeu en quelques semaines, six mois tout au plus. Et il n'a fallu qu'une bonne année pour que ma vie vie soit en crise totale: dettes, jeu compulsif, mensonge, rendez-vous manqués, pâtes à l'eau...

Un jour est venu la prise de conscience du gâchis, le sentiment de culpabilité,... Et tout au fond, malgré tout ça, l'atroce envie de "se refaire", de gagner. Celle "qui fait" qu'à chaque rechute on peut dépenser, dépenser, dépenser... Joueur compulsif, c'est terrible. Et des rechutes, j'en ai commises. J'avais décidé d'être abstinent mais je n'y arrivais pas. Cela devenait désespérant. Je me voyais comme un être incapable de suivre ma propre volonté.

Un jour, dégoûté de moi, j'ai pu me dire: "OK, il y a des moments où je ne peux pas m'empêcher d'y retourner: je ne me l'interdis plus. Par contre, je décide de ne jouer que pour perdre ! Il me suffit de choisir AVANT la somme maximum que je suis prêt à y mettre. Et je décide de ne plus revoir cet argent. Et si le compteur passe en positif, je ne garde RIEN. J'achète un cadeau pour moi, pour quelqu'un que j'aime, pour... Je fais un don, quelque chose de positif. Quelque chose mais je ne garde pas d'argent."

A cela, j'ai pu me tenir, progressivement. Décider par avance le montant PERDU m'a amené à le réduire. Je ne me suis plus mis dans le rouge total. Et les quelques fois où j'ai gagné encore, j'ai dépensé mise et gains en quelque chose de positif. Mais l'argent était parti... Je voulais me retrouver seul avec le jeu, en extraire la question de l'argent. Cela a marché. Les séquences se sont espacées... J'ai pu réinvestir peu à peu de l'énergie dans de nouveaux projets.

A mes yeux, dans mon parcours, cette décision a été aussi importante que la prise de conscience et l'aveu de ma maladie. Voilà comment je suis progressivement devenu abstinent en ayant formellement décidé de ne plus l'être... De tels paradoxes, pour ce que j'en sais, les joueurs compulsifs n'en manquent pas.

Je dépose ici plein de COURAGE à destination de ceux qui souffrent. Quand vous avez pris conscience de votre maladie, quand vous avez pu la reconnaître et l'avouer à vous même et à vos proches, vous avez gagné la possibilité d'en finir avec le jeu. Soyez en sûrs. Gardez l'espoir: la sérénité est au bout du chemin et elle a un goût que ceux qui n'ont pas souffert de cette maladie ne peuvent peut-être pas connaître. Un goût de bonheur et, j'ose l'écrire, de fierté.

Sais-tu quel a été le déclic qui t'a permis cette prise de conscience ? As-tu eu à commettre des délits comme Didier pour pouvoir jouer régulièrement ?

Si je suis trop indiscrète, fais-le moi savoir.

Merci à toi de tout cet espoir.

Le déclic, formellement, c'est le jour où je me suis retrouvé menacé par un gars à qui je devais de l'argent depuis longtemps. Pour une somme de l'ordre de 400€ j'ai eu un flingue braqué sur le ventre... Cela a créé un déclic, c'est sûr. Surtout que j'avais touché le fond depuis longtemps déjà. Les sentiments de culpabilité, de honte, de dégout... J'ai compris que je devais me faire aider. A rembourser, mais surtout à changer de vie. J'ai osé enfin m'en ouvrir à ma famille, j'ai consulté un psy, j'ai découvert que j'étais malade mais pas foutu... Tout cela m'a aidé et, en définitive, le gars qui m'a menacé m'a poussé à avancer... Parce que c'était la énième fois que je touchais le fond probablement... Je n'ai pas été guéri ce jour-là, loin s'en faut, mais j'ai réalisé qu'il fallait que je change quelque chose...

Cet épisode s'est produit après 6 mois de chute et un an à râcler le fond et les fonds. Après, j'ai commencé à rembourser mais pendant 2 à 3 ans je n'ai pas réussi à rester abstinent. Quand j'ai pu décider de ne plus espérer me refaire en jouant, j'ai encore connu 4 à 5 ans passés à jouer encore parfois, de moins en moins souvent peut-être mais avec des périodes "tendues". En rejetant l'idée de gagner, comme je l'ai écrit au début de ce fil...

Et enfin l'apaisement, qui est venu sans que le voie vraiment, prgressivement...

Je n'ai pas vraiment commis de délit. Rien de judiciarisé en tout cas. Tout l'argent auquel j'avais accès y est passé c'est sûr. Et à y repenser,
c'est fou comme on prête facilement dans ce milieu de jeux d'argent. Plus les dettes en banque et un compte non personnel que j'avais vidé... et mis en négatif. Tout ça aurait pu me valoir des ennuis, mais j'en ai eu peu en fin de compte... Il faut dire que des proches m'ont permis de
solder les crédits qui auraient pu me valoir des poursuites...

Je ne te trouve pas indiscrète. Si j'ai pris le clavier, c'est que j'étais prêt à le faire: d'être ou avoir été un joueur compulsif, je ne suis pas fier. Mais cela fait partie de mon histoire, de ma vie et si aujourd'hui j'en suis sorti, j'assume et je tâche de rester prudent ;-)

A+

Je crois que d'être un joueur compulsif fait finalement peut-être ta force qq part comme tous els gens qui connaissent des pbs existenciels ds leur vie non ?

frederique a écrit:

Je crois que d'être un joueur compulsif fait finalement peut-être ta force qq part ?

Je ne sais pas si je suis encore compulsif puisque je ne joue plus :-)

Blague à part, je dirais que comme toute expérience marquante elle est intégrée dans mon être, mon faire, mon savoir... Donc cela fait partie de mes forces autant que de mes faiblesses.

c'est "marrant" la réflexion de frederique sur la force
Mon patron que je rencontrais à Paris la semaine dernière pour ,je le pensais du moins pour me virer , me disait étonné par ma force de combattre cette maladie.
Cependant je ne règle pas le problème envers moi meme,juste la mise en place de barrières pour ne plus jouer :
interdiction d'accès aux casinos
mise sous curatelle,et surendettement
annulation de tous les moyens de paiements
Le jeu avec tout ça s'est rapidement transformé en un combat permanent pour trouver des espèces et souvent illégalement !!
alors dur dur d"avoir l'ombre d'une considération pour soi ....
En 7 ans les sommes ainsi englouties sont démoniaques et les dettes à leur image.
et toi , Comment t'es tu fais aider et par qui ? pour te sortir de ce piège ?

les grands esprits se rencontrent

J'ai rendu de nombreuses visites à un psychiatre systémicien. D'abord toutes les semaines puis progressivement moins souvent...

Et puis, comme je l'ai écrit ci-dessus, cela a pris le temps que ça a pris... La vie se charge aussi de donner des "coups de main", que j'ai parfois pris pour des coups de poing d'ailleurs mais après coup... Déménagement, réorientation, fin de relation amoureuse, prise de conscience de ma tendance alcoolique, rechutes,... Au milieu de tout ça: la visite régulière chez le psy fut un soutien inestimable... Les copains aussi, à qui j'osais parler de mon problème et qui m'ont soutenu, encouragé,... nourri... A défaut de pouvoir comprendre.

Voir un psy (psychologue, psychiatre...), quelqu'un qui soit formé au "traitement" des dépendances par priorité. Et si possible un-e docteur en médecine car la dépression doit être traitée et des prescriptions peuvent aider ! Je déteste ça mais je dois avouer que j'ai été sous médicaments pendant une année complète. Cela peut faire partie des choses qui aident à changer. Il y a aussi les groupes de joueurs anonymes. A toi de voir, bien sûr. Mais je crois que c'est une bonne idée de ne pas "rester seul" avec ça...

merci mister !!
justement j'ai été interné 2 semaines dans une unité psy à strasbourg , mais ils m'ont "viré" ne voyant pas ce que je faisais là .
Dommage , je pense que c"est la période ou j'ai senti le meilleur soutien, après j'ai tout arreté ..
Et voilà ou j'en suis ..

connais-tu des réunions de joueurs anonymes ?

Si tu es français cela n'existe qu'à Paris et nous envisageons de créer un groupe à Clermont-Ferrand très bientôt

Salut jeanmarie,

Ben, c'est pas sûr que l'internement soit une bonne solution pour un joueur... Il faut voir les choses à long terme: les possibilités de se livrer au jeu sont multiples et présentes à chaque coin de rue. Une pause, c'est peut-être bien mais cela se passe surtout "au quotidien", le jeu... Ce n'est pas diabolisé dans la société mais plutôt (stupidement) valorisé, alors...

Je ne connais pas de groupe de joueurs.

En furetant un peu sur le web, j'ai trouvé un site appelé " http://www.psycho-ressources.com/ " sur lequel 5 psys strasbourgeois-e-s sont inscrit-e-s... C'est peut-être un point de départ pour trouver la personne avec qui tu pourrais te sentir bien pour causer de tout ça pendant quelques temps ? Reste "prudent", bien entendu: c'est pas le moment de te laisser berner par des gens à 150€ la séance. Mais bon, j'en vois deux qui s'intéressent aux comportements, aux stratégies de changement,... Pourquoi pas ?

A+

C'est peut-être le moment de le dire... Avec Frederique et Link on va tenter le coup d'un site qui regrouperait les infos utiles.

Je viens d'y poster

http://jeublessant.brubel.net/spip.php?article6

C'est un lien vers un annuaire de psychothérapeutes. Il y en a (forcément) une série dans le Bas-Rhin.

Tu es de là ?

j'ai été pendant 8 ans dans le sud de la france , puis
3 ans à strasbourg et depuis 1an et demi à besançon .
J'ai été consulté le dr burger spécialiste du jeu compulsif quand j'étais à strasbourg,mais à l'époque les pistes étaient encore à déffricher et je n'ai pas eu le sentiment d'avancer.

Nous buttons toujours qq part en essayant de nous en sortir mais je susi certaine que ce n'ets toujours que pour mieux avancer.

je ne vois plus de message et s'est dommage car c'est jour tout de suite je n'est pas tellement le morale et j'es besoin de parler, mon témoignage chez jean luc delarue n'a pas produit le miracle que je souhéter.Michel

Tu semblais pourtant heureux au début et puis tu sais, ce témoignage a qd mm eu des répersussions énormes ne serait-ce que pour toi et ta famille et n'est-ce pas là l'essentiel ? Tu sais, on ne peut pas sauver le mond eentier même si on le veut et les joueurs se dévoilent difficilement et donc c'est tout aussi difficle de leur venir en aide. On ne peut pas les obliger à venir s'exprimer sur ce forum, à participer à des associations parce que je pense que la honte est là et que pour certains la prise de conscience n'est pas encore faite.

Pense déjà aux bénéfices pour ta famille de cette émission.Et tu sais que je susi tjs là même si pour l'instant je suis assez limitée.

Gros bisous et garde le moral