D'où provient ma dépendance au jeu ?

Mes amis et amies,

Il m'a été demandé si, du fait que j'ai été traité, il y avait eu établissement des causes du fait que je suis joueur.

On n'a jamais établi de cadre bien défini. En effet, mon éducation a été telle, mais parfois différente totalement de celle d'autres joueurs que je rencontre.
On a pu fixer cependant des lignes très générales, que l'on retrouve chez beaucoup de joueurs ou de joueuses.

- une très grande excessivité émotionnelle, c'est à dire une capacité d'exaltation élevée et de dépression profonde. Une bonne nouvelle me conduit au grenier et une mauvaise à la cave...
Cette excessivité émotionnelle va jusqu'à des troubles physiques ( suées, battements de coeur )
C'est évidemment suivi de toutes les caractéristiques qui accompagnent ce trait : l'impatience, l'irritabilité, la précipitation et même l'affollement etc...
Il a donc été utile que j'apprenne à me gérer.

- il y a des traits chez les joueurs d'une certaine immaturité, soit une mauvaise prise conscience de la réalité qui est toujours perçue comme difficile et qui provoque l'évasion vers un monde de rêve : "Le Jeu"

Si on est honnête, on doit constater que nous ne jouons pas en fait pour gagner puisque nous savons qu'à chaque coup, une nouvelle mise est une nouvelle proposition de perdre.

- et si nous gagnons et que par extraordinaire nous reprenons notre gain, ce n'est qu'une avance que nous a faite le jeu pour la fois suivante.
Nous ne jouons donc pas pour gagner.
Nous jouons "pour jouer" c'est à dire pour connaître un état d'excitation et de transes que seul un joueur peut connaître.

- et cela va jusqu'à ce que nous n'ayons jamais l'impression de perdre aussi longtemps que nous jouons : une nouvelle mise et son espoir chasse la déception de le dernière mise perdue.
Jusqu'à ce qu'on se retrouve dans la rue, sans un sou en poche...
Alors on retombe sur ses pieds !

Il conviendrait pour le joueur de bien se mettre en tête, chaque fois qu'il pousse un jeton, que la valeur de ce jeton est bel et bien perdue.

Qui d'autre pourrait comprendre cela qu'un joueur ?

- enfin, savons-nous jouir des plaisirs normaux de la vie, quelqu'ils soient ?

Je crains que non.
Pour moi en tout cas.
Je n'aurais pas donné ma place au jeu pour la rencontre avec une fille, pour une ballade, pour une activité sportive, pour un concert de musique, soit toutes choses qui sont des plaisirs sains et normaux.
Je me suis rendu compte de cela de manière incroyable quand j'ai arrêté de jouer.

Et puis toujours cette même donnée : Nous sommes capables tous et toutes du meilleur : nous savons donner de notre temps aux autres, ne pas ménager nos efforts, être inventifs et courageux et même économes dans tous les secteurs de notre vie.
Mais cela tombe totalement par terre dans une seule circonstance de vie : Le Jeu !

A suivre...

Bonne semaine à tous,

mais cela survient d'un coup ?

Je me retrouve complètement dans ton témoignage Jacques et pour te répondre Férédérique, pour moi, cela a été l'occasion d'une sortie en casino avec un ami et je n'ai plus pu m'arrêter. Pour Jacques, je ne sais pas mais il te le dira lui-même certainement.

Je me retrouve complètement aussi dans le témoignage de Jacques.

Pas de demi-mesure, je suis soit très heureuse soit très malheureuse, rarement dans le milieu.

De plus, je sais que mon entourage me considère comme une super organisatrice et une très bonne gestionnaire. Je connais la valeur de l'argent. Au magasin, je peux passer beaucoup de temps à choisir la marchandise afin de réduire les coûts. Parcontre, dès qu'il s'agit du jeu, c'est comme si ce n'était plus moi.....

Je mène de front plusieurs activités professionnelles et une famille de 5 personnes. J'ai besoin de m'échapper parfois. Je voudrais tant trouver un autre moyen d'évasion que le jeu. Mais comme dit Jacques, ça ne me dit rien de faire autre chose. Pourtant, il va falloir.

Parfois, certaines incohérences me font bondir, même si je ne m'en rends pas bien compte sur le moment:

Hier mon mari m'a demandé si je voulais aller au festival de Werchter. C'est 75 euros la place par personne. Ma première réaction a été de lui dire, NON, c'est bien trop cher. 150 euros pour deux personnes pour la journée me semblait énorme, et pourtant, en jouant je dépense 10 fois plus..... Mais ce n'était pas la joueuse qui disait que c'était trop cher, c'était juste l'épouse.

Quand vous avez arrêté de jouer, comment avez-vous passé votre temps libre?

bonjour aurélie,

je suis très touché par ton Témoignage ,ton boulot qui te "force"
à visiter les sites de jeu en ligne me fait penser à mon job .
Je prends ma voiture et je suis pret à faire des milliers de kilomètres pour trouver et de l'argent pr tous les moyens et un accès encore "possible" dans un casino .
Je suis commercial et libre de mes déplacements , avec voiture de société et carte société, je magouille avec mes clients pour trouver de l 'argent,c'est une obsession qui me fait peur car je suis pret au pire pour jouer . Cette pulsion est dingue ....
Je suis allé voir un psy de plus .... mais il ne connait pas le sujet et j'ai l'impression que notre addiction n'est pas reconnue dans le
monde de la drogue et de l'alcool . Alors en France pas de groupe de parole et très peu de "spécioaliste" .Devons nous etre des cobayes ?
Je joue depuis 9 ans dans tous les casinos de france et je suis épuisé (dans tous les sens du terme) je voudrais démissionner pour ne plus rouler vers ces lieus de débauche , mais je dois tellement d 'argent à mon boss .... à+

Bonjour Aurélie,
Salut Jean-Marie,

Le jeu compulsif c'est une maladie, une saloperie de maladie ! Cependant, on ne va pas vous mettre en tôle ou à l'asile pour vous empêcher de pratiquer...

A Aurélie, je dirais: ton temps libre, tu peux l'occuper à tout ce que tu veux, qui te plaise, à tout ce dont tu as le gout. Tu n'as malheureusement peut-être pas le gout à grand chose... C'est une des conséquences de la maladie, qui a un caractère dépressif... Le jeu en ligne, c'est abominable... As-tu songé à consulter ? A appeler un groupe de joueurs anonymes ? Ton gars est au courant ? Vraiment au courant ? Tu lui a déjà dit les sommes perdues ? Elles le sont pour toujours: ne reste pas seule avec ça !

A Jean-Marie: j'ai l'impression que tu cherches un psy "super-expert" dans l'addiction au jeu. Cela existe peut-être mais à te lire ("un psy de plus"), je ressens que tu aurais peut-être intérêt à t'accrocher... Perso, j'ai eu la même impression que toi, au début, puis je me suis rendu compte, j'ai réalisé, que la solution devait être quelque part en moi, j'ai commencé à "jouer le jeu" chez le psy, à parler de moi, à souffrir parfois en sa présence, à accepter les anti dépresseurs prescrits (pas trop longtemps...), à découvrir qu'il y avait en moi une fêlure que je devais pouvoir regarder, comprendre, accepter,...

Tout cela prend du temps. Et le premier pas est d'accepter de s'en ouvrir à quelqu'un, pas de "se faire aider" mais de s'aider soi-même en mettant dans sa vie un rendez-vous fixe, régulier, absolu, qui soit le moment de faire le point, quel que soit l'état dans lequel on se trouve à ce moment là. S'accrocher à quelque chose pour arrêter la chute.

Je ne vous connais pas, mais je voudrais vous dire la tendresse et la compréhension que je ressens. Courage ! Il y a des lendemains radieux ! Comme beaucoup de personnes qui ont vécu des crises fortes et profondes, vous verrez un jour: tout a un meilleur goût quand le jeu est fini.